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Une fois que le Cercle sera complet, ce sera la fin

Encore un passage tiré du roman de Dave Eggers, Le Cercle (pages 500-501). Publié en 2013, donc écrit un peu avant, il décrit un processus qui est peut-être en train de se mettre en place sous nos yeux.

N.B: Cet article a pu être récupéré le 9 mars 2017 et replacé à sa date de publication d’origine, parce qu’il était répertorié sur Google et accessible en cache. Comme quoi rien n’est jamais perdu…

 

« Mae, je veux que tu imagines où tout ce truc est en train d’aller.
– Je sais où ça va.
– Mae, ferme les yeux.
– Non.
– Mae, s’il de plaît. Ferme les yeux. »
Elle obtempéra.
« Je veux que tu relies les choses entre elles et que tu réfléchisses pour savoir si tu vois ce que je vois. Imagine. Le Cercle qui dévore tous ses concurrents depuis des années, pas vrai ? Ce qui rend la société de plus en plus puissante. Quatre-vingt-dix pour cent des recherches sur internet à travers le monde se font déjà via le Cercle. Sans compétition, ce chiffre ne va faire qu’augmenter. On sera bientôt à cent pour cent. Maintenant, toi et moi on sait que quand on contrôle le flot d’informations, on contrôle tout. On contrôle presque tout ce que les gens voient et savent. Si on a besoin d’enterrer un élément, définitivement, ça prend deux secondes. Si on veut détruire quelqu’un, il faut cinq minutes. Comment qui que ce soit peut s’opposer au Cercle, s’ils contrôlent toute l’information et les moyens pour y accéder ? Ils veulent que tout le monde ait un compte au Cercle, et ils sont bien partis pour que ceux qui refusent de s’inscrire se retrouvent dans l’illégalité. Qu’est-ce qui se passe après ? Qu’est-ce qui se passera quand ils contrôleront toutes les recherches, quand ils auront accès à toutes les données de n’importe qui ? Quand ils auront connaissance des faits et gestes de tout un chacun ? Quand toutes les transactions financières, toutes les informations médicales et génétiques, quand la moindre parcelle d’existence, qu’elle soit bonne ou mauvaise, passeront par eux ? Quand chaque mot formulé sera véhiculé via un réseau unique ?
– Mais il y a des milliers de moyens de protection avant d’en arriver là. C’est juste impossible. Enfin, les gouvernements s’assureront…
– Les gouvernements qui sont transparents ? Les parlementaires qui doivent leur réputation au Cercle ? Qui a envie d’être détruit dès l’instant où il ouvre la bouche ? Que s’est-il passé selon toi avec Williamson ? Tu te souviens d’elle ? Elle a menacé le monopole du Cercle et, surprise, les autorités fédérales ont trouvé des trucs compromettants sur son ordinateur. Tu crois que c’était un hasard ? C’était au moins la centième personne à laquelle Stenton faisait ça. Mae, une fois que le Cercle sera complet, ce sera la fin. Et tu y as participé. Ce truc de démocratie, Démopower, ou je ne sais quoi, bon sang. Sous prétexte de faire entendre la voix de chacun, c’est la loi de la foule ou la loi de la jungle qui l’emporte; tu as créé une société sans filtre où il est criminel d’avoir des secrets. C’est brillant. Je veux dire, tu es brillante, Mae. Tu es ce que Stenton et Bailey espéraient depuis le début. »

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Algax à Diesse

C’est bien de fréquenter les salles d’exposition renommées et les grands musées, mais je trouve intéressant de visiter aussi des expositions plus modestes d’artistes qui n’ont pas – et n’auront probablement jamais – la renommée des plus grands.

Algax (alias Alfred Gygax) expose en ce moment à la maison de paroisse de Diesse une partie de sa production des dernières années. Il pratique surtout la linogravure et entretient un rapport intéressant avec les peintres classiques, à qui il emprunte des motifs qu’il retravaille jusqu’à la plus grande simplicité possible des lignes et des surfaces.

Détail

La première simplification est le passage de la couleur au noir et blanc. La deuxième tient à la technique, la linogravure, qui consiste à ôter de la matière jusqu’à ce qu’il ne reste que l’essence de la figure.

Les œuvres présentées trouvent leur originalité tout en conservant l’allusion aux classiques. Algax s’autorise des combinaisons, des montages et des rapprochements qui ne sont pas sans humour.

D’autres œuvres explorent des directions différentes, mais il ne reste que deux jours pour découvrir Alfred Gygax – 40 ans de recherches… sur un Plateau : samedi et dimanche 5 et 6 novembre de 10 à 17h.